FEAD 2025 : Kinshasa veut transformer ses déchets en moteur de croissance verte

La session inaugurale du Forum Économique sur l’Assainissement Durable de Kinshasa (FEAD 2025), tenue du 28 au 30 octobre 2025 à l’hôtel Hilton, s’est ouverte sous le thème : « Stimuler les chaînes de valeur économiques des déchets pour faire de l’assainissement un moteur de croissance verte inclusive ».

Ce forum vise à rassembler les secteurs publics, privés et les partenaires techniques et financiers autour d’un objectif commun : transformer la menace sanitaire et environnementale de l'assainissement de Kinshasa en une opportunité économique (estimée à 2 milliards de dollars l'an). Il marque également le lancement officiel de l'initiative Assainir Kinshasa, impulsée par l’Hôtel de Ville pour moderniser la gestion urbaine.

L’événement s’inscrit dans la continuité du « Dialogue entre décideurs » organisé en avril 2025, qui avait ouvert la voie à une réflexion approfondie sur la gouvernance de l’assainissement. Cette nouvelle étape permet d’aborder de manière structurée des questions essentielles telles que la structuration des municipalités, la professionnalisation de la gestion des déchets notamment plastiques, la mise en place de modèles économiques durables et l’attraction d’investissements verts.

Au cœur des enjeux, une ambition majeure : faire de l’assainissement un pilier de la durabilité et un véritable moteur de création de valeur. À ce titre, il a été rappelé que la transformation des chaînes de valeur des déchets pourrait représenter une opportunité économique estimée à près de deux milliards de dollars par an pour Kinshasa, à condition d’en structurer les acteurs et les flux.

Organisé sur trois jours, le forum a abordé cinq axes principaux, allant de la structuration des municipalités aux modèles économiques de gestion des déchets (plastiques, notamment), ainsi qu’aux investissements verts.

Face aux défis persistants de l’insalubrité à Kinshasa, Jean-Serge Poba, Bourgmestre de la commune de Lemba et Coordonnateur du collectif des communes de Kinshasa, a souligné que la réponse ne pouvait être uniquement opérationnelle. Selon lui, l’assainissement doit d’abord restaurer la confiance entre l’État et la population :

« L’assainissement va au-delà du ramassage des déchets ; il doit donner au citoyen le sentiment d’être pris en charge par l’État. »,

Cette vision institutionnelle a été renforcée par Joël Kyana, Directeur de Cabinet Adjoint, qui a replacé la planification urbaine au cœur du changement : « L’assainissement de Kinshasa doit passer d’une gestion improvisée à une véritable planification urbaine… en impliquant l’ensemble de la population dans une éducation préalable aux bons comportements. »

Le secteur privé, lui aussi, a apporté son expérience de terrain. Maher Oudroug (Groupe Angel / OK Plast) a soulevé le maillon le plus fragile de la chaîne : « Le véritable défi du recyclage à Kinshasa n’est pas la technologie mais la collecte… soutenue par un partenariat fort avec l’État. »

Dans la même dynamique, Charles Tshibanda (Clean Congo) a insisté sur l’immense potentiel économique que recèle le déchet : « L’institutionnalisation du recyclage comme secteur stratégique et des incitations fiscales pour les entreprises vertes. »

Enfin, la perspective internationale est venue compléter ce tableau avec Mirjam KaÏser (Invest International – Pays-Bas), qui a mis en avant l’importance de mécanismes de financement durables pour accompagner la transition vers une économie plus verte.

Ainsi s’est ouverte cette première journée du FEAD 2025 : un rendez-vous où visions institutionnelles, solutions privées et appuis internationaux se sont harmonieusement conjuguées pour tracer les contours d’un système d’assainissement performant, inclusif et générateur de valeur pour Kinshasa.